Gelman présente des preuves...
Gelman
(Juan Gelman a l'entrée du tribunal, le 8 novembre 2000, à Madrid)

Cet article a été publié le dimanche 9 novembre 2000 dans le journal argentin Clarín. On trouvera l'article original à l'adresse:
http://www.clarin.com/diario/2000-11-09/p-01601.htm

Il s'agit d'un article de Juan Carlos Algañaraz, correspondant de Clarín à Madrid.

Clarín

Le poète argentin Juan Gelman a présenté hier au tribunal de Baltazar Garzón une liste de plus de cent tortionnaires argentins et uruguayens impliqués dans l'assassinat de son fils Marcelo et de sa belle-fille María Laura García Iruretagoyena.

Le fils de Gelman a été assassiné dans le centre clandestin de Automotores Orletti, et sa belle-fille, enceinte de huit mois, a été transférée à Montevideo. «Ils l'ont enlevée parce qu'ils voulaient remettre l'enfant à une famille. Elle était placée à l'avance», a expliqué Gelman à Clarín. L'enfant a été déposée dans un panier à la porte de la maison de la famille qui est devenue sa famille d'éducation. La belle-fille de Gelman, qui était fille d'Espagnols, a été assassinée en 1976.

La déclaration comporte dix pages et est accompagnée de 150 feuillets de documentation sur les «responsables intermédiaires et directs des assassinats et des enlèvements», a ajouté Gelman.

Lors d'une série d'épisodes dramatiques qui ont compté avec l'appui de milliers de citoyens du monde entier et de grandes personnalités de la culture, Gelman a réussi a retrouver sa petite-fille à Montevideo. «A tout moment, nous avons voulu préserver son identité. Après quelques conversations, elle m'a dit qu'elle sentait que j'étais son grand-père et qu'elle était ma belle-fille», a t-il expliqué.

Maintenant, le poète veut qu'à travers le tribunal de Garzón, justice soit faite avec les responsables en Argentine et en Uruguay d'enlèvements et d'assassinats et de vols de bébés.

«Ce qui s'est passé à Automotores Orletti est la base des agissements du Plan Condor en Argentine et en Uruguay. L'enquête présentée à Garzón est très précieuse et détaillée», a signalé Carlos Slepoy, avocat plaignant dans le procès contre les crimes des dictatures en Argentine et au Chili entrepris par Garzón.

«Nous allons demander au juge d'inculper plusieurs des chefs et des tortionnaires qui sont déjà accusés dans l'affaire. De plus, nous demanderons que l'on en déclare d'autres comme accusés et qu'ensuite, ils soient inculpés, parce que les preuves et les témoignages présentés par Gelman sont accablants pour les responsables», a ajouté Slepoy.

Une documentation décisive est en relation avec une instruction militaire au sujet d'un enlèvement réalisé par Aníbal Gordon. «Des mains amies nous ont fait parvenir l'instruction secrète. Par exemple, le général Rodolfo Cabanillas, qui témoigne être le second chef de la chaîne militaire de Orletti», a signalé Gelman. «Ce document a été la base des lettres ouvertes que j'ai envoyées au commandant en chef de l'Armée, le général Martín Balza, ce qui a provoqué la destitution de Cabanillas en tant que chef du second corps de l'Armée», a-t-il précisé.