Communiqué de presse des Mères et Familles
d'Uruguayens Détenus Disparus
Ce communiqué est daté du 1er février 2000...
Suite à la réponse du Président de la République, Dr. Julio María Sanguinetti, à l'écrivain et Prix Nobel de Littérature Günter Grass, et suite aux récentes déclarations du Commandant en Chef de l'Armée, Lieutenant Général Fernán Amado, nous exprimons:

Nous mettons en doute la sensibilité du Président face au problème des Disparus, puisqu'il a ignoré les obligations que lui impose, à ce sujet, la loi de Caducité. En effet, il a ordonné l'enquête correspondante à un Procureur militaire qui, après avoir interrogé les personnes dénoncées, a accepté leur refus d'assumer toute responsabilité, sans même les interroger de nouveau et sans ordonner une confrontation avec les dizaines de personnes qui les accusaient. Manque de sensibilité aussi est le fait d'avoir refusé systématiquement de recevoir les familles de disparus.

En ce qui concerne les enfants, il n'est pas vrai qu'aucun enfant n'a disparu en Uruguay. La première enfant retrouvée par les Grands-Mères de la Place de Mai, Paula Logares, a été enlevée à Montevideo, dans la rue Fernández Crespo, devant témoins, avec ses parents, disparus jusqu'à aujourd'hui.

Le Président reconnaît que des dizaines d'Uruguayens enlevés en Argentine ont été transférés en Uruguay. Il ne dit rien, en revanche, de la responsabilité qu'a eu pour cela le personnel des Forces Armées uruguayennes, en connivences avec les argentines, dans le cadre du Plan Condor, développé dans le Cône Sud de l'Amérique. Une véritable enquête parmi les responsables de ce transfert ne pourrait-il faire la la lumière sur la situation de ceux qui sont restés dans le même «puits» à Buenos Aires? Est.il admissible que le Commandant en Chef de l'Armée dise que «la force sous mon (son) commandement ne dispose pas de l'information nécessaire pour faire la lumière»?

Entre autres arrières-goûts de la dictature, le plan Condor a continué de se dérouler même en Démocratie, comme le démontre l'assassinat du chimiste chilien Eugenio Berríos en Uruguay, affaire sur laquelle règne toujours l'impunité, alors que les personnes qui y sont mêlées sont parfaitement identifiées.

Les survivants de «Automotores Orletti» ont partagé leur prison clandestine à Montevideo avec une femme enceinte et ensuite avec un bébé. Ils ont de bonnes raisons de penser qu'il pouvait s'agir de la belle-fille et du (de la) petit-fils (petite-fille) de Juan Gelman, mais, au delà des déclarations, il est évident que la personne qui pourrait ordonner une véritable enquête ne l'a pas fait ni n'a l'intention de le faire.

Après ces brèves précisions, nous voulons simplement dire que dans cette faire, comme dans toutes les autres, nous continuerons de lutter pour la Vérité.

Mères et Familles d'Uruguayens Détenus Disparus