Montevideo, le 10 décembre 1999

Monsieur le Président de la République Orientale de l'Uruguay, Julio María Sanguinetti

De même qu'il y a deux ans, nous vous écrivons en cette date à la profonde signification pour tout le monde, puisqu'il s'agit du 51ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Au cas où vous n'auriez pas idée de ce à quoi cela se réfère, nous vous expliquons que cette histoire de «Droits» a quelque chose à voir avec un ensemble de principes qui donnent à tout être une garantie minimale de justice dans la société dans laquelle il vit. Cett histoire d'«Homme» se réfère ni plus ni moins à notre espèce qui est aussi la vôtre, même si cela peut vous surprendre, tout comme cela peut nous suprendre. Par conséquent, s'intéresser à l'«humain» est généralement considéré comme un signe d'humanité. Quelles que soient les précisions à ce sujet, ils vous suffirait de mettre la tête à votre fenêtre et de poser la question au premier passant venu.

De toutes façons, nous ne voulons pas vous mentir, vous nous avez déjà donné des preuves plus que suffisantes du vide qui est en vous, ou tout du moins de ne pas avoir le contenu adéquat pour être une bonne personne.

Peut-être que quelqu'un se demandera où nous nous trouvons pour pouvoir formuler de telles accusations, nous nous trouvons en un lieu qui, même s'il est visible pour tout le monde, vous est invisible, Monsieur le Président, à vous et à votre suite, ou plutôt en un lieu où vous refusez de nous voir et , comme si cela n'était pas suffisant, où vous vous efforcez de nous occulter aux yeux de tout le monde.

Combien de doigts vous désignent, Monsieur le Président?

Combien de voix se sont-elles jointes à celles de Juan Gelman?

Combien de Juan Gelman avez-vous oubliés/ignorés?

A combien de petits-enfants de Juan Gelman avez-vous apposé le seau de «Affaire jugée»?

De combien de terre croyez-vous avoir besoin pour enterrer la vérité?

Ou n'avez-vous pas encore compris qu'elle finira toujours par surgir, jusqu'à fleurir?