—Comme c'est intéressant. Dites-moi, que va-t-il se passer maintenant, vous pouvez le prédire ?
—C'est la question clé, dit Simbad, dans la formulation de laquelle on peut déjà observer l'absurde implicite dans toute prétention de prédire l'avenir. Remarquez que, prise dans son sens littéral, la question « que va-t-il se passer maintenant ? » exige une réponse qui requiert pratiquement une infinité de mots. Ces mots, pour être prononcés requièrent à leur tour un certain temps. Pratiquement tout ce temps, quand le devin commence sa prédiction, appartient lui aussi au futur, à « ce qui va se passer maintenant », c'est à dire qu'ils devraient être eux aussi prédits à tout moment du discours de la prédiction, parce que si un seul mot n'était pas prédit avant d'être prononcé, on pourrait accuser le devin de ne pas avoir prédit qu'il prononcerait ce mot. Mais même s'il prédisait un certain mot, cette prédiction serait effectuée avec des mots dont la prononciation n'aurait pas été prédite. La fraude est inévitable.
(©1991, Ediciones Trilce - Montevideo)