Un nouveau livre de Leo Maslíah n'est jamais encore plus de la même chose. Son audace littéraire — impardonnable pour les uns, imperdable pour beaucoup — l'amène à une subversion constante de style et de linguistique qui semble cette fois ne pas avoir de frontières.
Ce livres de nouvelles courtes, qui inclut une nouvelle longue, «El estudiante», dans laquelle une anecdote triviale est interprétée en portant la littéralité du langage jusqu'à l'exaspération, est plein d'heureuses expérimentations, aucun n'étant identique à un autre ni à d'autres plus anciens de l'auteur.
A côté de textes qui font passer à Jarry ou au Lewis Carroll d'Alice dans ses meilleurs moments, il y a des nouvelles non comiques ou, dans d'autres qui le sont, quelques réflexions amères sur le langage comme moyen d'incommunication.
L'importante formation musciale de Leo-compositeur de morceaux «sérieux» —en plus de l'être de ses chansons si drôles—transparaît dans des récits dont la structure singe celle des «Vexations» de Erik Satie, une série interminable de répétitions d'une mélodie courte, qui finit par s'avérer séductrice et hypnotique au delà de sa monotonie.
Quoi d'autre? Une version de parties de Platero et moi à la deuxième personne, une nouvelle écrite avec des phrases de seulement cinq mots, des avis publicitaires ridiculisés et une avec des avis funèbres et le texte qui donne son titre au livre, où on l'ironise sur la prétention de contrôle de certains critiques littéraires européens.
Une fois de plus, Leo Maslíah amuse et fait sursauter avec l'acuité d'une écriture jamais aseptisée: laissez-vous infecter avec plaisir.
(© 2000, Ediciones de la Flor - Buenos Aires)