Outre quelques nouvelles comme « L'homme qui regardait les femmes», « Les enfants de Papa Noel», « Confessions d'un poète » et d'autres, ce livre contient des messages publicitaires (« Articles pour le foyer, adjectifs de bureau, substantifs pour le bureau, toute la ligne d'adverbes pour l'atelier et prépositions sport et de soirée. Vous nous trouverez au Carrefour des Prédicats, Avenue de l'Infinitif, à l'angle de Conjonction »), des textes qui approchent d'autres genres (« Avis funèbres «, « Interview modèle», « Chaque phrase a cinq mots «), et travaux de réflexion sur la culture et la société (« Répression et civilisation », « La culture et la consommation », « Image versus texte »), comme celui qui, dramatisé sous la forme d'une lettre, envoyée par une certaine Association de Critiques Littéraires d'Europe et un certain Tribunal de Géopolitique Littéraire, à un écrivain latinoaméricain, l'avertit:
« Tu ne dois utiliser tes dons que pour appliquer les techniques poétiques et narratives que nos écrivains ont définies comme valides. Ils se sont servi de ces outils pour décrire notre réalité, et toi, c'est la tienne que tu dois décrire. Chez nous, un groupe d'intellectuels assume, au nom de toute l'Europe Occidentale, la responsabilité du mal vivre des gens dans ton pays. Et ces intellectuels ont besoin de documentation. Ils ont besoin de témoignages directs des atrocités que la colonisation et l'impérialisme, au long des siècles et à la charge de successives métropoles, ont commis dans ta terre. Et ils veulent des témoignages bien écrits, pour appuyer leur thèse selon laquelle les latinoaméricains ne sont pas des créatures inférieures, des bâtards anormaux nés illégitimement du croisement de deux espèces non compatibles (la culture métropolitaine et l'autochtone, avec des implants de cette autre culture transplantée d'Afrique par la force). C'est le climat tropical qui les rend un peu plus lambins, et bon, dans l'économie de marché, celui qui ne se presse pas va au mouroir. Alors essaie d'écrire bien, imbécile. Écris des choses que nous puissions comprendre. De la couleur locale oui, tu peux en mettre autant que tu veux, des tournures idiomatiques caractéristiques, des voix indigènes, parce que tu sais bien que « si tu veux être universel, dépeins ton village ». Mais dépeins-le avec le matériel que nous te donnons. Ce n'est qu'ainsi que tu obtiendras une bonne critique dans Le Monde et dans Cambio 16 (...) »
(© 2007, Ediciones en danza - Buenos Aires
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