RAPPORT
SUR L’ÈRE DE LA RÉPUBLIQUE

PAR G. ROMME

IMPRIME PAR ORDRE DE LA CONVENTION NATIONALE

Séance du 10 Septembre 1793

CITOYENS,

Je viens, au nom du comité d’instruction publique, soumettre à votre discussion un travail sur l’ère de la République, que vous l’aviez chargé de vous présenter.

Vous avez entrepris une des opérations les plus importantes aux progrès des arts & de l’esprit humain, & qui ne pouvoit réussir que dans un temps de révolution ; c’est de faire disparoître la diversité, l’incohérence & l’inexactitude des poids & mesures qui entravoient sans cesse l’industrie & le commerce, & de prendre dans mesure même de la terre, le type unique & invariable de toutes les mesures nouvelles.
Les arts & l’histoire, pour qui le temps est un élément ou un instrument nécessaire, vous demandent aussi de nouvelles mesures de la durée, qui soient pareillement dégagées des erreurs que la crédulité & une routine superstitieuse ont transmises des siècles d’ignorance jusqu’à nous.
L’ère vulgaire prit naissance chez un peuple ignorant & crédule, & au milieu des troubles précurseurs de la chute prochaine de l’empire romain. Pendant dix-huit siècles, elle servit à fixer, dans la durée, les progrès du fanatisme, l’avilissement des nations, le triomphe scandaleux de l’orgueil, du vice & de la sottise, les persécutions & les dégoûts qu’essuyèrent la vertu, le talent & la philosophie sous des despotes cruels, ou qui souffroient qu’on le fût en leur nom.
Verroit-on sur les mêmes tables gravées tantôt pas un burin avili, tantôt par un burin fidèle & libre, les crimes honorés des rois & l’exécration à laquelle ils sont voués aujourd’hui, les fourberies religieusement révérées de quelques prêtres, & de l’opprobre qui poursuit justement les infâmes & astucieux confidens de la corruption & du brigandage des cours ? Non : l’ère vulgaire fut l’ère de la cruauté, du mensonge, de la perfidie & de l’esclavage ; elle a fini avec la royauté, source de tous nos maux.
La révolution a retrempé les âmes des Français ; elle les forme chaque jour aux vertus républicaines. Le temps ouvre un nouveau livre à l’histoire ; & dans sa marche nouvelle ; majestueuse & simple comme l’égalité, il doit graver d’un burin neuf & vigoureux les annales de la France régénérée.
Tel est l’esprit de votre décret du 22 septembre 1792, qui ordonne qu’à compter de ce jour, tous les actes publics seront datés de l’an premier de la République. C’est le développement de ce décret que je vous présente aujourd’hui.

§ I. De la longueur de l’année

La longueur de l’année a suivi, chez les différents peuples, les progrès de leurs lumières. Long-temps on l’a faite de 12 mois lunaires, c’est-à-dire de 354 jours, tandis que la révolution de la terre autour du soleil, qui seule règle les saisons & le rapport des jours aux nuits, est de 365 jours 5 heures 48 minutes 49 secondes.
Ce n’est qu’en intercalant, tantôt des jours, tantôt des mois, à des intervalles irréguliers, qu’on ramenoit la coïncidence de l’année civile avec les mouvements célestes et & les saisons. Toutes ces intercalations faites sans règles fixes, réparoient momentanément les effets d’une computation vicieuse, & en laissoient subsister la cause première.
Les Egyptiens, depuis la plus haute antiquité, & les Babyloniens, 746 ans avant l’ère vulgaire, se rapprochèrent des vrais principes, en faisant leur année de 365 jours, distribués en 12 mois égaux de 30 jours & 5 épagomènes.
Jules César, dictateur et pontife, appela auprès de lui, deux ans après la bataille de Pharsale, Sofigènes, astronome célèbre d’Alexandrie, & entreprit avec lui la réforme de l’année. Il proscrivit l’année lunaire, introduite par Romulus & mal corrigée par Numa. L’erreur cumulée avait produit, après plusieurs siècles, un tel dérangement dans les mois, que ceux d’hiver répondoient à l’automne & que les mois consacrés aux cérémonies religieuses du printemps répondoient à l’hiver.
Jules César fit disparoître cette différence en une seule fois, en intercalant 90 jours entre novembre et décembre. Cette année fut de 445 jours & fut appelée l’année de la confusion. Il ordonna de plus que, tous les 4 ans, on intercaleroit un jour. C’étoit supposer l’année de 365 jours 6 heures, c’est à dire plus de 11 minutes trop forte. Telle fut la réforme julienne.
En 1582, c’est à dire 16 siècles après, les 11 minutes d’erreur avoient produit un nouveau dérangement dans l’année de plus de 10 jours. Grégoire XIII, alors pontife, entreprit avec les astronomes une nouvelle réforme ; il ôta 10 jours au mois d’octobre de cette année, & ordonna que sur quatre années séculaires, une seule seroit bissextile. Cette réforme supposait l’année encore trop longue ; elle fut cependant adoptée dans toute l’Europe, excepté la Russie & la Turquie. Les Grisons n’adoptèrent que cinq jours de correction ; il craignirent de compromettre l’honneur du protestantisme, en consentant à adopter la correction entière proposée par la cour de Rome.
Aujourd’hui, beaucoup plus éclairé, on sent l’inutilité de ces réformes préparées l’avance pour plusieurs siècles, & qui ont fait le désespoir des chronologistes, des historiens & des astronomes. En suivant le cours naturel des choses, & en cherchant un point fixe dans les mouvemens célestes bien connus aujourd’hui, il sera toujours facile de faire coïncider l’année civile avec l’année solaire, par des corrections qui se feront successivement, aussitôt que les petites différences cumulées auront produit un jour.

§ II. Du commencement de l’année

L’année a été vague, & son commencement a parcouru successivement toutes les saisons, tant que sa longueur n’a pas été déterminée sur la connaissance exacte du mouvement de la terre autour du soleil.
Quelques peuples ont fixé le premier jour de leur année aux solstices, d’autres aux équinoxes. Plusieurs, au lieu de le fixer sur une époque de saison, ont préféré de prendre, dans leurs fastes, une époque historique.
La révolution française offre un accord trop frappant & peut-être unique dans les fastes du monde, entre les mouvemens célestes, les saisons, les traditions anciennes & le cours des événemens, pour ne pas rallier la nation entière au nouvel ordre de choses que nous vous présentons.
Le 21 septembre 1792, le dernier de la monarchie & qui doit être le dernier de l’ère vulgaire, les représentans du peuple français, réunis en Convention nationale, ont ouvert leur session & ont prononcé l’abolition de la royauté.
Le 22 septembre 1792, ce décret fut proclamé dans Paris ; le 22 septembre fut décrété le premier de la République ; & le même jour à 9 heures 18 minutes 30 secondes du matin, le soleil est arrivé à l’équinoxe vrai, en entrant dans le signe de la balance. Ainsi l’égalité des jours aux nuits étoit marquée dans le ciel, au moment même où l’égalité civile & morale étoit proclamée par les représentans du peuple français comme le fondement sacré de son nouveau gouvernement.
Ainsi le soleil a passé d’un hémisphère à l’autre le même jour où le peuple triomphant de l’oppression des rois, a passé du gouvernement monarchique au gouvernement républicain.
Les Français ont été rendus entièrement à eux-mêmes dans cette saison heureuse où la terre, fécondée par les influences du ciel & par le travail, prodigue les dons & paye avec magnificence à l’homme laborieux, les soins, les fatigues et son industrie.
Les traditions sacrées de l’Egypte, qui devinrent celles de tour l’orient, faisoient sortir la terre du cahos, sous le même signe que notre République, & y fixoient l’origine des choses & du temps.
Ce concours de tant de circonstances imprime un caractère sacré à cette époque, une des plus distinguées dans nos fastes révolutionnaires & qui sera sans doute une plus célébrées dans les fêtes des générations futures.
Nous vous proposons de décréter que le jour de l’équinoxe vrai d’automne qui fut celui de la fondation de la République, est l’ère des Français & la première de leur année, & d’abolir en même temps l’ère vulgaire pour les usages civils.
L’ère de Seleucus commença à l’équinoxe d’automne, 312 ans avant l’ère vulgaire. Les peuples de l’Orient de toutes les croyances, les adorateurs du feu comme les descendants d’Abraham, les chrétiens comme les mahométans, s’en sont servi ; les Juifs ne l’ont abandonnée qu’à l’époque de leur dispersion dans l’Occident en 1040.

§ III. De la division & sous-division de l’année

Du mois. Tous les peuples connus, excepté peut-être les Romains, ont divisé l’année en 12 mois.
La division de l’orbite de la terre par les deux équinoxes & les deux solstices, la division de l’année en 4 saisons, ne permettoit pour diviseur, qu’un multiple de 4. On s’est sans doute déterminé pour le nombre 12, parce que c’est celui qui exprime combien de fois la lune passe devant le soleil ; pendant que la terre fait une révolution. Cette division est commode & ne peut être combattue solidement.
Mais ce que la raison réprouve & doit faire enfin rejeter de notre calendrier, c’est l’inégalité bizarre des mois qui fatigue l’esprit par des difficultés sans cesse renaissante pour savoir si un mois est de 30 ou 31 jours.
Cette inégalité a pris naissance chez les peuples qui faisant leur année trop courte, & ne trouvant pas dans la ressource des intercalations un moyen suffisant de correction, ajoutèrent un jour ou deux à quelques-uns de leurs mois.
Les Egyptiens, les plus éclairés de la haute antiquité, faisoient leurs mois égaux, tous de 30 jours, auxquels ils ajoutoient cinq épagomènes à la fin de l’année. Cette division est simple, elle présente de grands avantages pour les usages domestiques & civils, elle convient donc au nouveau calendrier des Français.

De la semaine. Les astrologues égyptiens qui voyoient le nombre 7 dans la création du monde, comme dans le système planétaire, voulurent l’avoir dans leur division du temps. Ils imaginèrent la semaine qui ne divise exactement ni le mois ni l’année ; chaque planète, suivant eux, avoit sous influence un jour de la semaine & certaines heures marquées du jour.
La superstition a transmis jusqu’à nous, au grand scandale des siècles éclairés, cette fausse division du temps qui n’a pas peu servi à étendre l’influence sacerdotale par les jours de repos qu’elle ramène régulièrement & qui font devenus, dans les vues de la cour de Rome, des jours de prosélytisme & d’initiation. Vous n’hésiterez pas sans doute à la retrancher de notre calendrier qui doit être indépendant de toute opinion, de toute pratique religieuse, & recevoir de votre sagesse ce caractère de simplicité qui n’appartient qu’aux productions d’une raison éclairée.
Vous avez senti tous les avantages de la numération décimale. Vous l’avez adoptée pour les poids & mesures de toute espèce, ainsi que pour les monnoies de la République ; nous vous proposons de l’introduire dans la division du mois qui étant de 30 jours, sera divisé en trois parties de 10 jours chacune & qu’on pourra appeler décade. Ainsi l’année seroit composée de 36 décades & demie, ou 73 demi-décades. Chacun des cinq doigts de la main peut être affecté dans les usages familiers à définir un des jours de la demi-décade. Le jour de la décade indiquera constamment les mêmes jours du mois & de l’année ; on ne peut obtenir cet avantage de la semaine.

Du jour. Les anciens Perses & encore aujourd’hui les Sybériens, les Eoliens & les Finois, divisoient le jour par le chant du coq ; il l’est naturellement en quatre, par les limites du jour & de la nuit, & par le milieu de l’un & de l’autre, Les Egyptiens divisèrent la nuit en douze parties égales entre elles qui augmentoient ou diminuoient selon que les nuits croissoient ou décroissoient. Le jour étoit pareillement divisé en douze parties qui n’étoient égales à celles de la nuit qu’aux équinoxes. On fit ensuite les vingt-quatre parties égales, mais le commencement du jour ne fut pas partout le même. Les Italiens comptent du coucher du soleil ; les astronomes, de midi ; le reste de l’Europe, de minuit ; à Basle on commence le jour une heure plus tard en mémoire d’un événement de leur histoire.
La division de l’heure en soixante minutes, & de la minute en soixante secondes, est très incommode dans les calculs ; les astronomes français ont fait quelques changements à la division de leurs instruments qui tend à rendre leurs opérations plus promptes& plus exactes ; le perfectionnement sera complet lorsque le temps sera soumis à la règle simple et générale de tout diviser décimalement. On a construit quelques montres d’observation, où le jour est divisé en parties décimales. Elles mesurent jusqu’au cent millième du jour qui équivaut au battement du pouls d’un homme de taille moyenne, bien portant, & au pas redoublé militaire.
On trouve dans cette division celle en quatre, en vingt, en quarante, elle réunit presque tous les avantages de la division par vingt-quatre, & beaucoup d’autres que celle-ci n’a pas.
Nous vous la proposons afin que l’ancienne division ne présente pas une discordance choquante avec le reste du système général de nos mesures.
Cependant, comme les changemens qu’elle demande dans l’horlogerie ne peuvent se faire que successivement, nous vous proposons de ne rendre cette division obligatoire pour les usages civils, qu’à dater de la troisième année de la République.

§ IV. De l’Olympiade.

C’est après quatre ans de révolution & dans l’année bissextile que la nation renversant le trône qui l’opprimoit, s’est établie en République ; ainsi la première année de notre ère commenceroit une nouvelle période de quatre ans, si le placement du jour intercalaire n’avoit pas été jusqu’à présent une imitation servile des Romains. Jules César plaça l’année bissextile comme il convint à son orgueil, & sans égards pour la concordance astronomique. Quoique en 1792 on ait intercalé un jour en février, l’équinoxe vrai est encore en avant de vingt-un heures & demi. Si la raison veut que nous suivions la nature plutôt que de nous traîner servilement sur les traces erronées de nos prédécesseurs, nous devons fixer invariablement notre jour intercalaire au moment où la position de l’équinoxe le comportera. Après une première disposition, que la concordance avec les observations astronomiques rend nécessaire, la période sera toujours de 4 ans ; la longueur, les jeux publics que vous instituerez, sans doute,au jour intercalaire qui la termine, la rapprocheront de l’olympiade des Grecs ; nous vous proposons de l’appeler l’olympiade française & la dernière année l’année olympique. Au jour intercalaire, qui sera pour l’année olympique un sixième épagomène, des exercices gymniques figureront dans ce jour solennel ; les belles actions qui mériteront d’être transmises en exemple, le talent, la vertu, le courage recevront de la patrie, des récompenses dignes d’eux, dignes d’elle.

§ V. De la nomenclature du calendrier Français.

Les noms de mois rappellent ou des tyrans oppresseurs de leurs pays, comme janvier, juillet, août ; ou des dieux des Romains & des Etrusques, comme, février, mars, mai ; ou des noms ordinaux, comme, septembre, octobre, novembre, décembre, qui furent destinés à indiquer l’ordre des mois de Romulus ; & par une bizarrerie que la routine & la superstition des hommes peuvent seules expliquer, cet ordre n’est plus suivi depuis Numa, & cependant ces noms ordinaux se sont perpétués jusqu’à nous. Juin est le seul qui méritât d’être transmis, puisqu’il rappelle Brutus qui chassa les Tarquins.
Cette nomenclature est évidemment un monument de servitude & d’ignorance, auquel les peuples ont successivement ajouté une empreinte de leur avilissement.
Les noms astrologiques de la semaine & de leur ordre cabalistique, qui se sont conservés d’après les premiers Egyptiens, par les imposteurs qui en ont fait leur profit, & par l’aveuglement des hommes, qui ont préféré en tout temps de souffrir plus-tôt que de rien changer aux habitudes imbéciles de leurs pères, déshonoreroient notre révolution, s’ils échappoient à votre vigilance qui a su si bien attaque tous les préjugés.
Nous vous proposerons une nouvelle nomenclature, qui n’est ni céleste, ni mystérieuse ; elle est toute puisée dans notre révolution, dont elle présente ou les principaux événements, ou le but, ou les moyens.
Ces noms sont renfermés dans le tableau suivant de la révolution jusqu’au 10 août dernier.

ORDRE DES MOIS
de la République
Les Français, fatigués de 14 siècles d'oppression, et alarmés des progrès effrayans de la corruption dont une cour, depuis longtemps criminelle, donnoit et provoquoit l'exemple, sentent le besoin
7e du 21 mars au 19 avril d'une.........................................régénération.
Les ressources de la cour étaient épuisées, elle
8e du 20 avril au 19 mai convoque les français mais leur...............réunion
fait leur salut. Ils se nomment des représentans dont le courage irrite le tyran. Ils sont menacés;
9e du 20 mai au 18 juin mais rassemblés au.............................jeu de paume
et sous la sauvegarde du peuple, ils prononcent le serment d'arracher le peuple à la tyrannie ou de périr. Ce serment retentit dans la France, partout on
10e du 19 juin au 18 juillet s'arme, partout on veut être libre,...........la bastille
11e du 19 juillet au 17 août tombe sous les coups d'un........................Peuple
souverain et courroucé. Les malveillans se multiplient, des trahisons éclatent, la cour forme des complots, des représentans parjures sacrifient les intérêts de la nation à des vues sordides,
12e du 18 août au 16 septembre mais.........................................................la Montagne
toujours fidèle, devient l'olympe de la France; entourée de la nation & en son nom la Convention nationale proclame les droits du peuple, la
1e du 22 sept. au 21 octobre constitution et...................................la République,
2e du 21 octobre au 20 nov. ......................................................................l'unité,
3e du 21 nov. au déc. .................................................................la fraternité,
4e du 21 déc. Au 19 janvier sont la force des français, et.................... la liberté
5e du 20 janvier au 18 fév. par un acte souverain de..........................la justice
6e du 19 février au 20 mars nationale, qui fait tomber la tête du tyran est à jamais unie à la sainte................................ égalité.

Le mois de la Régénération est le premier du printemps, où toute nature se régénère.
Le mois de la Réunion est celui qui est consacré par l’acte constitutionnel pour les assemblées primaires.
Le mois du Jeu de Paume consacre le serment qui a sauvé la France.
Celui de la Bastille renferme l’époque où elle fut prise par le peuple.
Le mois du Peuple renferme les deux époques immortelles du 10 août.
Le mois de la Montagne vient immédiatement après la sanction solennelle donnée par la Nation aux efforts de Représentans fidèles du peuple.
Le mois de la République commence à l’époque où elle fut décrétée.
Le mois de l’Unité & de la Fraternité sont ceux où les hommes, après avoir recueilli dans les champs tous les fruits de la terre, se retirent sous leurs toits, & jouissent ensemble, & fraternellement, des bienfaits de la nature & d’une bonne organisation sociale.
Le mois de la Liberté & celui de l’Egalité sont liés par celui de la justice du peuple qui, par ses représentans, jugea et condamna à mort le dernier de ses rois.
Les cinq derniers jours répondent aux 17, 18, 19, 20 & 21 septembre, & pourront être consacrés à des fêtes nationales. Nous croyons que leurs noms peuvent être pris dans l’exposé succinct du but moral de nos nouvelles institutions.

Noms des Epagomènes

Tous les enfans de la République, après une ....................................................
solennelle répétée tous les ans, seront protégés, soignés,
élevés comme enfans de la grande famille.
adoption
Par une même éducation, ils se formeront ensemble à tous les genres ........... d'industrie
Ils seront examinés comme artistes ou soldats, et ils recevront les ................. récompenses
qui leur seront dues, ............................................................................................... la paternité
sera encouragée et considérée, ............................................................................. la vieillesse
sera honorée.
Tous les quatre ans ...............................................................................................
sera célébrée dans des jeux olympiques.
la révolution

Noms des jours de la décade

Tout citoyen, tout ami de la patrie & des arts qui la font fleurir, doit s’entourer journellement des attributs de l’industrie & de la liberté. C’est de cette réflexion que sortent les noms que nous vous proposons pour les jours de la décade.

  1. Le jour du Niveau, symbole de l’égalité.
  2. Le jour du Bonnet, symbole de la liberté.
  3. Le jour de la Cocarde, symbole des couleurs nationales.
  4. Le jour de la Pique, symbole de l’arme de l’homme libre.
  5. Le jour de la Charrue, symbole de nos richesses terriennes.
  6. Le jour du Compas, symbole de l’instrument de nos richesses industrielles.
  7. Le jour du Faisceau, symbole de la force qui naît de l’union.
  8. Le jour du Canon, symbole de l’instrument de nos victoires.
  9. Le jour du Chêne, symbole de la génération & le symbole des vertus sociales.
  10. Le jour du Repos.

Tel est la forme d’année que nous vous proposons ; elle est presqu’entièrement puisée dans les usages trop tôt abandonnés des peuples de l’antiquité les plus éclairés ; nous avons cherché ce qui pouvoit convenir surtout à l’homme des champs, dont le calendrier doit être simple comme la nature, dont il ne se sépare jamais.
Nos almanachs ne seront plus chargés de lettres dominicales, d’indictions, de nombres d’or.
L’âge de la lune, que le cultivateur & le voyageur surtout aiment à connoître, se trouvera avec la plus grande facilité, puisque le nouveau mois ne diffère d’une lunaison, que d’un demi-jour.
Les noms des jours de la décade, répondront constamment aux mêmes jours des mois & de l’année. Le niveau, qui est devenu l’emblème caractéristique de notre révolution, commencera toutes les décades, tous les mois, toutes les années, toutes les olympiades.
Chez tous les peuples, le calendrier a été un talisman puissant que les prêtres ont toujours su diriger avec succès, pour s’attacher la classe nombreuse de esprits faibles. Chaque mois, chaque jour, chaque heure offroient à leur crédulité de nouveaux mensonges.
C’est aux Français de la nouvelle Ere qu’il appartient de faire servir le calendrier à propager le vrai, le juste, l’utile, en faisant aimer la patrie & tout ce qui peut assurer la prospérité.

Ce travail est le résultat de plusieurs conférences avec des hommes éclairés dans les mouvemens célestes & dans l’antiquité.
Le comité ne le propose avec confiance que parce qu’il a été scrupuleusement examiné par les citoyens Pingré, la Grange, Monge, Guyron, Dupuis, Feri.


PROJET DE DECRET

La Convention nationale, après avoir entendu son comité d’instruction publique, décrète ce qui suit :

A R T I C L E P R E M I E R.

L’ère des Français compte de la fondation de la République, qui a eu lieu le 22 septembre 1792, de l’ère vulgaire, jour où le soleil est arrivé à l’équinoxe vrai d’automne en entrant dans le signe de la balance à 9 h 18 m 30 s du matin pour l’observatoire de Paris.

I I.

L’ère vulgaire est abolie pour les usages civils.

I I I.

Le commencement de chaque année est fixé à minuit commençant le jour où tombe l’équinoxe vrai d’automne pour l’observatoire de Paris.

I V.

La première année de la République française a commencé à minuit 22 septembre 1792, & a fini à minuit séparant le 21 du 22 septembre 1793.

V.

Le décret qui fixoit le commencement de la seconde année au 1er janvier 1793, est rapporté. Tous les actes datés l’an II de la République, dans le courant du 1er janvier au 23 septembre 1793 exclusivement, doivent être regardés comme appartenans à la première année de la République.

V I.

L’année est divisée en douze mois égaux de 30 jours chacun, après lesquels suivent cinq jours épagomènes pour compléter les 365 jours de l’année ordinaire. Ces cinq jours n’appartiennent à aucun mois.

V I I.

Chaque mois est divisé en trois décades, chacune de dix jours. Elles seront distinguées par première, seconde & troisième.

V I I I.

Les douze mois, les cinq épagomènes, & les dix jours de la décade, se nomment, commen on le voit, dans le tableau annexé au présent décret.

I X.

Les années qui recevront un jour intercalaire selon que la position de l’équinoxe le comportera, & qu’on appelé bissextiles, ou embolismiques, sont nommées années olympiques. La période de quatre années, qui doit se terminer par une année olympique, est appelée année olympiade.

X.

Le jour intercalaire de l’année olympique sera toujours placé après les cinq épagomènes.

X I.

Le jour de minuit à minuit est divisé en dix parties.
Chaque partie en dix autres, ainsi de suite jusqu’à la plus petite portion commensurable de la durée.
Cet article ne sera de rigueur pour les actes publics, qu’au 1er de la troisième année de la République.

X I I.

Le comité d’instruction publique est chargé de faire imprimer en différens formats le nouveau calendrier, avec une instruction simple pour en expliquer les principes & les usages les plus familiers.

X I I I.

Le nouveau calendrier sera envoyé à toutes les municipalités, aux corps administratifs, aux tribunaux, aux juges de paix, notaires, professeurs, sociétés populaires, ainsi qu’aux armées.

X I V.

Les procès-verbaux de la Convention, les actes du conseil exécutif, ceux des corps administratifs, des tribunaux & tous les actes publics, seront désormais datés suivant le nouveau calendrier de la République.

X V.

Tous les professeurs, instituteurs & institutrices, les pères & mères de famille, & tous ceux qui dirigent l’éducation des enfans, s’empresseront de leur expliquer le nouveau calendrier conformément à l’instruction.

X V I.

Tous les quatre ans au jour de la révolution, il sera célébré des jeux olympiques, en mémoire de la révolution française.

X V I I.

La deuxième année de la République commence suivant l’ancien calendrier le 22 septembre 1793, à minuit, l’équinoxe vrai d’automne suivant pour l’observatoire de Paris à 3 h 7 m 19 s.


NOMENCLATURE DU CALENDRIER REPUBLICAIN

Présenté à la Convention nationale le 20 septembre 1793, par G. ROMME,
au nom du Comité d’instruction publique.

ORDRE DES
MOIS DU
NOUVEAU CALENDRIER
LEUR CORRESPONDANCE
AVEC LES MOIS DU CALENDRIER ROMAIN
LEURS NOMS
NOMS DES JOURS
DE LA DECADE
1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

Du 21 septembre au 21 octobre

Du 22 octobre au 20 novembre

Du 21 novembre au 20 décembre

Du 21 décembre au 19 janvier

Du 20 janvier au 18 février

Du 19 février au 20 mars

Du 21 mars au 19 avril

Du 20 avril au 19 mai

Du 20 mai au 18 juin

Du 19 juin au 18 juillet

Du 19 juillet au 17 août

Du 18 août au 16 septembre

La République

L'Unité

La Fraternité

La Justice

L'Egalité

La Régénération

La Réunion

Le Jeu de Paume

La Bastille

Le Peuple

La Montagne

1. Jour du Niveau

2. Jour du Bonnet

3. Jour de la Cocarde

4. Jour de la Pique

5. Jour de la Charrue

6. Jour du Compas

7. Jour du Faisceau

8. Jour du Canon

9. Jour du Chêne

10. Jour du Repos

Epagomènes
Correspondance
Noms
1

2

3

4

5

6

17 septembre

18 septembre

19 septembre

20 septembre

21 septembre

22 septembre

L'Adoption

L'Industrie

Les Récompenses

La Paternité

La Vieillesse

Le jour Olympique